HBO frappe décidement très fort. Après le bouclage dégueulasse de sa série totem Game Of Thrones, la chaîne américaine Home Box Office a lancé en mai dernier sa nouvelle Mini Série… et c’est une véritable bombe (pardon à tous les malades de la thyroïde).
Déjà en 2016, HBO avait diffusé une série au format « mini » qui était excellente et présageait tout le potentiel du genre « saison unique » avec The Night Of, l’histoire du procès d’un jeune accusé à tord ou à raison d’avoir commis un meurtre. Cette année c’est avec 5 épisodes d’une heure environ chacun que la chaîne nous transporte à nouveau dans un procès, mais cette fois historique, celui des responsables de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Le scénario est efficace et l’immersion est totale, les années 80 de l’ex-URSS deviennent très vite familières. L’histoire de l’explosion est racontée, expliquée et décortiquée avec pédagogie sans jamais nous prendre pour des crétins. Je me sentirais presque spécialiste en réacteur RBMK. Cela nous rappelle à quel point les fictions sont souvent plus efficaces que les documentaires pour éduquer le public, car elles générent de l’empathie. C’est l’empathie pour les personnages et la peur, qui nous impliquent à ce point dans ce sujet. Et pour cela, Chernobyl est une véritable réussite, probablement la meilleure série 2019.
Mais pouvons-nous entièrement nous fier à cette leçon d’histoire passionnante ? Les faits racontés ici 32 ans après font pourtant bondir Poutine sur sa chaise du Kremlin. La fumée du cœur du réacteur en fusion de la série ne cacherait-elle pas de vieilles querelles toujours pas éteintes ? La série américaine pose évidement les bases géopolitiques de la Guerre Froide au moment de l’explosion. Mais l’idéologie occidentale transpire à travers tous les dialogues qui accusent l’idéologie soviétique d’être responsable entièrement de cette catastrophe par les mensonges, le fanatisme politique et… son économie. Ce Gorbatchev apparaît comme raisonnable et à l’écoute pour gérér la catastrophe nucléaire contrairement à son entourage, pas étonnant alors quand on sait que c’est lui qui mettra fin à l’Union soviétique et à la Guerre Froide, 5 ans après la catastrophe. C’est un homme « bon », d’ailleurs la série conclut avec l’une de ses citations disant en quelque sorte que Tchernobyl lui aura ouvert les yeux sur le régime soviétique et ses dérives qui ont fait sa perte, America won.
L’URSS a probablement très mal géré la catastrophe et ses retombées, mais notre vision occidentalo-centrée ne doit pas nous aveugler. La France de Mitterrand elle-même a menti, niant toute existence du nuage radio-actif dans nos frontières. Les russes souhaitent rétorquer par une série montrant « la vérité sur cette catastrophe », pourquoi pas.
Mais cela n’enlève rien à la qualité de réalisation de cette série, qui en plus d’avoir soigné tous ses arcs narratifs, a su créer un incroyable environnement sonore et photographique à couper le souffle.
De Papincourt