Ce n’est pas évident de parler d’un film du sacro-saint Christopher Nolan sans risquer une journée au pilori. Mais, bravant tous les dangers, à mes risques et périls, je me lance : Interstellar est loin d’être parfait. Et je ne parlerai pas ici des erreurs scientifiques, car, ne me prenez pas pour un jambon, si je vous avais demandé de me dessiner un Trou Noir, vous m’auriez fait un pâté dégueulasse avec un crayon. Alors laissons les vrais scientifiques débattre entre eux et profiter d’un intérêt soudain, et parlons cinéma.
Oh mon Dieu ! Une petite fille savante ! Je déteste les enfants savants dans les films, qui ont des réflexions d’adultes et qui te donnent l’impression d’être con comme un tabouret. Murphy est une petite fille tellement intelligente, digne représentante de la culture savante et de la démarche scientifique aboutie. C’est pratique, elle va permettre d’être le socle d’un scénario bien complexe. Tous les éléments du film qui se rapportent à elle, ont un intérêt scénaristique pour la suite, ce qui amène beaucoup trop de scènes « téléphonées ». C’est la technique du « Fusil de Tchekhov », le cauchemar d’un crash, la montre que son papa lui offre, les livres toujours par terre poussés par le mystérieux fantôme et j’en passe, auront forcément leur importance… Et ça rien que dans les premières minutes ! Et puis tout d’un coup, pour les besoin de l’intrigue, Murph se comporte en petite fille de son âge, douce enfant fragile et rancunière. Elle décide alors de ne pas laisser de message à son père pendant des années, alors que son frère, lui, entretient une relation père-fils qui semble avoir été écrite sur un post-it. Tout comme le rôle du barbu qui meurt comme un con dans l’indifférence générale.
Parlons maintenant du gros vilain Matt Damon, qui a mon sens est trop connu pour ce petit rôle car une fois la surprise de le voir passée, il n’arrive pas à s’effacer derrière son personnage. Mais heureux de retrouver des acolytes, il se joint à eux pour trouver une solution pour l’humanité, tous unis dans l’harmonie et la joie. Mais à la révélation du mensonge de papa Brand, il disjoncte comme un schizophrène et réagit aussi intelligemment qu’un chimpanzé. Finalement retour à la case départ, le scientifique noir en moins. Ce passage se retrouve dans la même lignée que la scène du drône au début qui contribue au sentiment de longueur.
Pour finir cet état des lieux du « pas terrible », une question demeure… Joseph Cooper le héros se retrouve grand-père d’un petit garçon prénommé en son hommage Cooper… Son petit-fils s’appelle alors Cooper Cooper ?
Mais globalement, le film est une grande réussite. Des scènes de l’espace et une photographie à couper le souffle. Et surtout des séquences dont seul Nolan a le secret : des images rapides sur divers personnages, dont le rythme augmente en même temps que la musique et ton rythme cardiaque pour un dénouement dans un silence total et brutal, créant un silence de messe dans la salle (sauf pour les deux dindes qui étaient à côté de moi, sachez les filles que vous avez été enfantées dans la douleur et ça me réjouit).
L’intrigue est complexe et savamment bien racontée, même pour le passage hyper casse-gueule du Tesseract et de la 4ème dimension qui s’avère être la force du film. Le « all you need is love » ne franchit pas la limite du pathos, merci ! Le tout mené par deux acteurs de génie, Matthew McConaughey qui a réussi à me tirer quelques larmes quand il visionne ses vidéos et l’incroyable Anne Hathaway qui possède même la capacité de faire frétiller ses narines quand elle pleure ! Incroyable.
Christopher Nolan sait définitivement raconter les grandes histoires.
-De Papincourt-