Partons du principe que les comédies musicales au cinéma c’est génial. Sinon, c’est mal barré pour discuter de ce film.
Tu ne sais pas si tu aimes les comédies musicales ? Voici un lien, extrait du film.
Si tu as dégobillé ton goûter à la 21ème seconde, tu n’aimes pas ce genre de film. N’y va pas. Sans déconner n’y va pas. C’est comme quand tu essayes absolument de te mettre à la cigarette pour te donner plus de contenance en soirée, si tu commences directement par les Gitanes Maïs, tu ne fumeras jamais. Là c’est pareil, pour te mettre à la comédie musicales, commence doucement avec un petit « Moulin Rouge » ou « Sweeney Todd » mais pas avec ce film. Ce qui est plutôt contradictoire d’ailleurs car ce métrage s’adresse à un très large public et donc non-initié. Je m’explique car je t’entends déjà ruminer « c’est un Disney blabla s’il faut s’y mettre c’est par là qu’il faut commencer », non.
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Le prologue chanté du film dure une bonne vingtaine de minute. Il est un moyen de présenter chaque personnage qui pousse alors la chansonnette en commençant par un « I wish », normal, c’est un conte. Test pratique maintenant : met en boucle 20 minutes une chanson de Christophe Maé pour laquelle les rimes ont été écrites par un enfant de 8 ans. Tu y es ? Tu es épuisé et lobotomisé par cet air devenu insupportable ? Courage, plus que 1h30.
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Les grandes envolées lyriques peuvent faire pleurer ou du moins toucher la petite fille qui sommeille en toi. Encore faut-il que l’histoire soit à la hauteur des tons aigües qui agressent tes oreilles, or, « la vaaaaaaaache blaaaaaaanche ne donne paaaaaas de laaaaaaait » ne touchera personne, en plus à ce qui paraît le lactose c’est mauvais pour la santé. Ce décalage dérangera chaque individu de plus de 5 ans.
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Enfin se pose le problème de la hiérarchisation des discours. Les dialogues entre les chansons sont plus ou moins longs (ce qui n’est pas forcément un mal). Cependant, ils créent des niveaux d’importance différents entre les dialogues des personnages qui chantent et ceux qui parlent. C’est un choix artistique. Mais les transitions au fil de l’histoire entre ces discours sont abruptes et rendent le visionnage épuisant de par le sentiment d’un double niveau de récit en un seul.
Ne t’y méprend pas, ce film n’est pas du tout un Tim Burton. L’affiche, l’univers « pleine lune et poils de loups » et Johnny Depp sont des leurres. En réalité, ce film est un « Shrek ». Oui, tu as bien lu. « Shrek ». Outre passé les problèmes de la comédie musicale pointés plus haut, c’est une véritable comédie tout court. Ce qui doit être drôle fait rire. Le film en vient même à se moquer de lui même. Les deux princes charmants esseulés chantent leur « Agony » comme princesse Fiona dans « Shrek » le ferait, en faisant exploser les petits oiseaux. Y aurait-il alors un second degré voir un troisième degré dans le dernier Rob Marshall ? Oui. Et c’est brillant. Je soupçonne même qu’il y ait des sous-entendus pédophiles entre le Loup et le Petit Chaperon Rouge, mais mon esprit mal placé me joue souvent des tours…
Concluons cet ensemble par une métaphore de cantine. J’aime les comédies musicales, j’adore les parodies et je plussoie l’univers de Tim Burton. Faisons de même avec la mousse au chocolat, le camembert et les frites… Mais le tout mélangé, c’est gâché.
-De Papincourt-
La bande annonce m’agaçais déjà pas mal, mais là au moins j’ai de bons arguments pour dire à ma soeur : « C’eeeeeeest mooooooort! tu choisi entre Discount et Imitation Game!! » « Comment ça tu as douze ans et tu ne vas rien comprendre à une satire sociale sur fond de supérette et encore moins à unbiopicsurunmecquidoitcasserducodeboshen3945…??!! » « va falloir te réveiller mon petit! A onze ans Blaise Pascal compose un court Traité des sons des corps vibrants et aurait démontré la 32e proposition du Ier livre d’Euclide, à l’âge de six ans, Mozart compose déjà ses premières œuvres, et Mickael Jackson, et Jordi hein !!? on en parle de Jordi??! » « Alors pas d’histoire d’age avec moi, ça ne tient pas… et puis tu as entendu la dame? elle dit que c’est plus chaud que « Moulin Rouge », et moi moulin rouge ça me file de l’œdème… » Merci donc pour cet argumentaire qui m’évitera la même déconvenue que ce jour sombre de décembre 2007 ou, entrant par hasard dans une salle de cinoche, je compris au bout de 5min de jérémiades entre Mr Depp et Mme B.Carter (et pourtant je l’aiiiiime) que j’allais passer les deux plus longues heures de ma vie…