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La trilogie « Le Hobbit » dans l’ombre du géant.

hobbit smaugNous y sommes, treize années après la sortie de « La Communauté de l’anneau », voici la fin de la deuxième trilogie sur la Terre du Milieu. C’est émouvant, vraiment. Tout a été dit ou presque sur le « Seigneur des anneaux », il y a même des thèses universitaires sur les trois films de Peter Jackson. Ils forment une oeuvre totale, un tournant pour le cinéma et la manière de raconter une épopée. La trilogie du « Seigneur des anneaux » est devenue le point de comparaison de tous les films épiques. Dès lors, entamer une deuxième trilogie, basée sur un matériel plus mince qu’est « Le Hobbit », revient à l’exposer négativement de fait à sa grande sœur. Qu’en est-il réellement ?

  • J’ai pas lu le livre

Moi non plus, ça tombe bien. Mais je sais, comme tout le monde, que « Bilbo le Hobbit » est un livre plutôt pour enfant et pas très épais. L’histoire de la Terre du Milieu reste innocente, bien loin des intrigues sombres du « Seigneur des anneaux ». Que faire d’un tel paramètre dans le projet de réaliser une véritable préquelle à la meilleure trilogie de tous les temps ? Car il est bien là le problème. Le matériel de « Bilbo » est simple et drôle pourtant il doit conduire à l’heroic fantasy complexe que l’on connait bien. La production a tranché, et bien mal à mon avis.

Tout d’abord le choix de faire trois films donne cette vilaine impression d’étaler du Nutella sur une fesse trop grosse. Très souvent, les scènes se retrouvent en panne de scénario narratif, comblées alors par des parades scénaristiques poussives. Les manques sont comblés par une histoire d’amour qui n’a même pas le temps de commencer (non mais ils s’aiment vraiment ou elle est juste « attachée » mais n’envisagera jamais rien avec lui car c’est un nain compliqué ?), des apparitions de Sauron ridicules nous laissant entrevoir une future amnésie de Gandalf qui se demandera 60 ans plus tard qui peut bien avoir rallumé la montagne du Destin ( en revanche il se souviendra bien que Bilbo possède un anneau étrange, l’amnésie n’est que partielle donc.). Je n’étais pas contre une trilogie plus légère (une fois le deuil du « Seigneur des anneaux » passé), mais à aucun moment l’oeuvre se positionne réellement : conte épique et sombre ou conte innocent, le récit naviguera maladroitement entre les deux.

Pour faire une bonne préquelle, il faut des liens entre le récit actuel et celui dont il raconte l’histoire. Alors là, si vous n’avez pas compris les ponts dressés par le scénario du Hobbit, reprenez vos vieux exemplaires de la saga Oui-Oui et libérez le chantier. Même les trois premiers épisodes de « Star Wars » ont mieux soigné les évidences. « Legolas ! vas t-en quérir d’un certain Grand Pas ! »… Oui, Aragorn donc. Celui qu’il ne rencontre que 60 ans plus tard à Fondcombes ? Il n’est pas très efficace l’elfe blondinet ou alors il a glander à ramasser des cèpes toutes ces années… Dans les deux cas ce lien donne juste envie de soupirer. Galadriel nous dit bien que l’anneau est venu à Bilbo par un heureux hasard, pourtant l’introduction au personnage de Gollum dure des plombes et contredit l’introduction de la première trilogie. Par exemple, puriste que je suis, j’apprécie d’autant le pont très léger que forme Gloin, membre de la communauté de Thorin, futur père de Gimli et présent à Fondcombes lors de la réunion pour l’anneau. Ce lien là, relève du préquelle et n’est pas taillé avec une cuillère en bois.

  • Smaug et le pétard mouillé

La reconquête d’Erebor, la montagne solitaire devenue l’antre du dragon Smaug. Wow, cette quête m’emballe complètement ! Je signe où ? Un premier épisode qui fait état de la longue marche jusqu’à l’ancienne demeure des nains : des chants de guerrier auprès de la cheminée, des cartes en runes lunaires, une vielle clef en bronze et l’espoir que le dragon soit décédé, en voilà une épopée ! Et en plus pas une nana à l’horizon (enfin, pas encore), nous évitant ainsi des histoires d’amour chiantes à crever (enfin, je l’espérais). Voilà ma première demi-heure de la trilogie. Et sans nul doute la meilleure. La meilleure avant ma rencontre avec Smaug.

Wow ! Ce dragon a pris dès ses premiers mots la place du monstre le plus badass de mon Panthéon. Quel travail graphique mais surtout quel charisme. Un film et demi pour en arriver là, ça valait le coût. Le dialogue entre lui et Bilbo est un régal, sa lutte contre les nains un délice. Smaug est un personnage auquel on a dessiné des forces et des faiblesses, il est de ce fait plus profond que 80% des nains qui entourent Thorin. Et ce cliffhanger de fin ? Ils ont osé couper le deuxième volet par un « What have we done ? » C’est génial, je serai le premier à voir le troisième volet avec une chose pareille ! Si seulement j’avais su qu’au lieu de cette place de cinéma tant attendue, on m’avait donné un pétard mouillé. Avant même que le titre « Bataille des cinq armées » n’apparaisse, Smaug est déjà mort ! Tué par un homme qui souhaitait secrètement sûrement décapiter son fils par la même occasion. Voilà. Smaug est mort, emportant dans sa chute mon enthousiasme.

La conclusion de cette trilogie, la plus courte d’ailleurs, est un enchaînement de superbes plans de guerre et de travelling à la Peter Jackson, offrant une esthétique époustoufflante (mis à part la scène version jeu vidéo de Legolas qui court sur le pont de pierre qui s’effondre). Heureusement d’ailleurs, car ils permettent de masquer l’impression d’histoire bâclée inhérente à cet opus : qui succède à Thorin par exemple ? Pour ne citer qu’une interrogation parmi tant d’autres. Oh et puis si, je pose d’autres questions : d’où viennent les bouquetins que chevauchent les nains ? Les trolls qui se battent peuvent supporter la lumière du jour eux ? Légolas va-t-il réussir à serrer Tauriel ou ce personnage n’a vraiment rien à faire dans la trilogie ? Pourquoi Bilbo choisit-il d’écrire le récit d’un hobbit alors que c’est plutôt l’histoire de Thorin qu’on a subit durant près de 8h00… ?

La trilogie du Hobbit est en réalité une vraie réussite. Elle est juste condamnée à rester dans l’ombre et la comparaison avec le « Seigneur des anneaux ». En effet, je culpabilise à critiquer une épopée qui m’a fait voyager et m’a raccroché une dernière fois à la Terre du Milieu que j’aime tant. C’est fini, complètement fini… Silmari(-quoi) vous dîtes ?

 

-De Papincourt-


 

La vidéo hallucinante de capture motion avec Benedict Cumberbatch dans le rôle de SMAUG !
Rien que pour vous…

De Papincourt

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